• Cette journée sera à jamais gravé dans ma mémoire comme la plus horrible, la plus terrifiante.

    C’était une soirée brumeuse, un soir de pluie. La grande salle où je me trouvais empestait l’alcool et la sueur des corps dansant langoureusement sur la piste. J’avais décidé de rentrer chez moi, abattue par la fatigue. Alors que je me glissais discrètement entre les danseurs, mon meilleur ami que je ne reconnaissais à peine me prit le bras, et d’une voix pâteuse me demanda où j’allais comme ça. La réponse se fit tout de suite : Je partais.

    - Comment ? Me demanda t-il, soudain reprenant son sérieux.

    - Comme je suis venue, lui répondis-je, en voiture.

    - Mira, t’as bu, t’es soûle. Si tu pars en voiture...

    - J’ai pas besoin de tes conseils, monsieur le Saint, rétorquais-je avant de m’enfuir.

    Peut-être aurais-je du l’écouter. Cela m’aurait enlever bien des ennuis.

    Je traversais la rue déserte, savourant au passage l’air frais passant dans mes cheveux. Il faisait sombre, la nuit engloutissait le paysage, et la lune bien que pleine n’éclairait guère. Ma petite voiture rouge apparut enfin, maigrement illuminée par un lampadaire assaillis de moustiques. Je m’asseyais sur le siège et fermais la portière, avant d’attacher ma ceinture de sécurité et de démarrer en pétarade. La route était calme, sans autres conducteurs que moi-même.

    Pour rentrer chez moi il me fallait passer par une forêt obscure, et bien que la nuit n’était pas sûre, je n’avais pas le choix. J’allais à une vitesse peu recommandée, mais assez bien pour pouvoir rentrer chez moi rapidement.

    A un moment, un mirage apparut sur le chemin, loin devant, si bien que je n’y fis pas attention. Pourtant, la silhouette d’un homme se rapprochait petit à petit, et l’inquiétude commença à me gagner. C’était bien un individu qui se tenait droit dans ma direction, et je remarquais alors que j’allais bien trop vite pour m’arrêter.

    - Bordel ! criais-je avant de percuter la personne.

    *

    Je ne savais pas si c’était quelque minute ou quelque heure plus tard que je m’éveillais, mais ma première pensée fut de savoir si j’étais toujours en vie. Apparemment oui. Ce qui m’inquiéta le plus était la tache de sang rouge sur le tableau de bord. Je tâtonnais ma tête, à la recherche d’une blessure et retrouvais une entaille sur ma tempe droite. Aïe.

    Je poussais un cri d’horreur en apercevant le corps dénué de vie allongé sur mon capot et je sortis en vitesse de l’automobile.

    Le froid me mordit, et le vent me fouetta le visage. Je grelottais, et farfouillais dans ma sacoche pour y arracher mon portable et essayer avec mes mains fébriles d’appeler les urgences. Bip bip. Batterie faible. Poussant un hurlement, je jetais l’appareil sur le sol de terre.

    Un bruit mou retentit alors. Je pensais que c’était mon portable, mais je me retournais et m’aperçut que le cadavre était tombée sur les feuilles mortes. J’en profitais pour l’observer ; ses yeux vitreux me donnèrent la chair de poule, et son visage pâle et froid me fit ressentir l’envie de m’enfuir le plus loin possible. Mais où ? Je rentrais dans la voiture me réchauffer et vis la bouteille de vin rouge bien soigneusement disposée. Je l’attrapais, enlevais le bouchon de mes doigts gelés et portais le goulot à ma bouche aux lèvres gercées. L’alcool me réchauffa, et m’engourdit un moment si bien que je crus contempler le mort se lever, pour m’observer de ses yeux clairs sans vie.

    Avant de reprendre mes esprits. Je poussais un hurlement le plus aigu qui m’arracha les tympans, et m’agitais dans tout les sens, mon cerveau actionné par un seul et unique sentiment : la peur.

    Je sortis de la voiture, et le cadavre me griffa le dos de ses ongles noirs, attrapant mon sac dont le contenue se renversa sur le sol.

    Une terrible douleur traversa mon corps, avant que je ne m’effondre, et que les ténèbres m’envahissent...

    *

    Lorsque mes yeux s’ouvrirent enfin, je perçus mes amis et ma famille qui m’entouraient d’un regard protecteur. Mon meilleur ami semblait me dire “Je t’avais prévenue”, mais je l’ignorais, sachant très bien que j’étais en tort.

    - L’homme ? Celui que j’ai percuté ? demandais-je.

    - Ma chérie, fit ma mère d’une voix douce, tu n’as rien percuté, il n’y avait pas d’homme. Tu t’es arrêté en pleine forêt et là-bas tu t’es évanouie, à cause de l’alcool. On ne sait pas d’où te vient la blessure au dos, sûrement que tu t’es égratignée.

    J’inspectais les cicatrices, et distinguais de grandes marques rouges commençant de mon cou et descendant jusqu'à mes reins. Ces marques ressemblaient étrangement à des griffures. Comme si un mort m’avait érafler de ses ongles noirs, la nuit dernière...

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    Pour une rédaction, je suis plutôt fière de moi, sauf sur quelques petits passages... 


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